jeudi 17 juin 2010

Critique restaurant: Le Garde-Manger


Je suis allée pour la première fois au Garde-Manger en septembre 2009, pour fêter mon 25ième anniversaire en compagnie de Chéri et de Audrey et Félix, des amis qui, comme moi, étaient intrigués par ce restaurant et sa fameuse barre mars frite. Si l'évènement devait être le point culminant de mon été et (aussi) l'élément de consolation ultime pour ces 25 ans qui m'embêtaient un peu, nous étions finalement repartis un peu déçus, ou, à tout le moins, sous l'impression qu'on ne nous avait pas livré la marchandise. Ma bavette de boeuf mise à part, Félix et Chéri s'étaient un peu ennuyés devant leur pavé de steak de flétan, et Audrey avait trouvé ses pétoncles plutôt ordinaires, impressions de déception qui n'avaient pas été aidées par notre serveuse unilingue anglophone, froide et distante. Rien, donc, qui pouvait expliquer tout le fuss à propos du Garde-Manger, sauf peut-être le chef qui, malheureusement, brillait par son absence ce soir là.

Je suis retournée au Garde-Manger hier pour la seconde fois, dans un tout autre contexte (un souper de filles avec trois autres blogueuses et les filles de l'agence DDMG pour une discussion autour du blogue de bouffe), et j'ai vécu une expérience culinaire incroyable, décuplée par le plaisir de côtoyer Chuck Hugues (et la bête, le homard de 4 kilos qui a fini dans nos poutines au homard et nos lobster rolls !) et sa cuisine un peu déjantée, un peu décadente, mais absolument cochonne. J'ai vécu un autre Garde-Manger: l'ambiance décontractée, pas intime pour deux sous, qui pousse à la frivolité et à l'enthousiasme; la bouffe riche mais succulente; le personnel chaleureux et le chef (hihi, le chef), sympathique et accessible, qui a pris le temps de venir à notre table pour discuter. Quelle soirée !



Nous avons commencé par le cocktail du jour, un Mojitos au melon d'eau qui ne goûtait pas tant que ça le melon d'eau et qui avait le défaut (comme le Martini à la mangue que j'avais bu la première fois) d'être un peu trop grumeleux pour être bu facilement. Ce n'est pas très grave: la liste de cocktails du Garde-Manger est assez longue pour que tout le monde y trouve son compte. En cas de doute, optez pour le Bloody Ceasar au homard: vous ne devriez pas être déçus. ;) Le choix des entrées s'est avéré assez difficile, parce qu'elles avaient toutes un petit air de revenez-y qui donnait envie de tout essayer ! Nous avons finalement partagé des poutines au homard (dont le gravy est aussi fait à base de bouillon de homard, hmmm) et je me suis permis un de ces tartares de boeuf qui donnerait à n'importe qui l'envie de (re)devenir carnivore (mes excuses pour les yeux chastes des végétariens qui suivent ce blogue ! ;) ). La poutine au homard est bonne surtout pour ce qu'elle représente, c'est-à-dire une sorte de gourmandise huppée avec quelque chose de suave et de savoureux. C'est bon, très bon, mais j'ai préféré le tartare de boeuf, assaisonné avec un vinaigre de vin rouge fin, des oignons verts, des échalotes, des olives (surprenant) et quelque chose d'agrumé qui me rappelait le Ponzu. En lieu et place des traditionnels croûtons, les chips maison, des pommes Russet foncées tranchées finement et frites, pour le plus grand plaisir de l'amatrice de croustilles que je suis. Ce qui m'a le plus plu, c'est que le tartare n'était pas fait de viande hachée: c'était des bouchées de boeuf, de vraies bouchées, qui offraient de la résistance en bouche et dont la texture permettait d'apprécier toute la saveur du boeuf. Une vraie réussite.

J'ai aussi eu la chance de manger des huîtres pour la première fois de ma vie. Je n'aurais pas cru aimer cette bestiole, et j'ai bien failli ne pas trouver ça si excitant... Le goût salé, iodé, vinaigré n'étant pas désagréable mais pas extraordinaire, je me suis dit que je ne comprenais pas pourquoi les gens aimaient tellement les huîtres, jusqu'à ce que je suive le judicieux conseil de Angelique Picanco, la managing editor de Bitchin' Kitchen, et que je mange une huître nature, arrosée de... Tabasco ! OMG !! C'est tellement fou ! Je suis maintenant prête à manger des huîtres crues à la douzaine, tant qu'on me donne du Tabasco. Il faut dire que la fraîcheur et la qualité des fruits de mer, c'est une spécialité du Garde-Manger. Quel bel endroit, et quelle belle compagnie pour y goûter !



L'arrivée des plats principaux a créé une sorte de cohue autour de la table, d'abord parce que Chuck nous a mentionné qu'il avait dû faire quatre dépanneurs pour trouver nos (j'insiste; nos !) pains, qu'il est allé chercher pour nous, sous la pluie. C'est ainsi que Danielle et Martine ont pu se farcir le homard de 4 kilos, pendant qu'Angélique savourait des pétoncles poêlées avec du bacon. Les assiettes qui ont le plus retenu mon attention, ce sont celles de Robyn (surnommée le Flinstone plate, en raison de l'immense os de boeuf qui sortait de sa cassolette), qui mangeait des short ribs longuement braisées dans un bouillon riche (et savoureux, parce que j'ai eu la chance d'y goûter), et la mienne, une espèce de déchéance gastronomique composée de pommes de terre au four cuite jusqu'à en devenir croustillantes et accompagnées de fromage Riopelle de l'île, d'aiguillettes de magret de canard rôti et d'escalopes de foie gras poêlées, le tout dans une demi-glace montée... au Riopelle. Seigneur dieu !! Quel festin !!!

Le temps des desserts arrivant, je savais très bien ce que moi je voulais. L'une des curiosités du Garde-Manger, c'est la barre Mars frite, spécialité écossaise (en réponse à Julie qui se demandait qui pouvait bien avoir l'idée de faire frire une barre de chocolat) recrée pour notre plus grand plaisir. Or, lors de ma précédente visite au Garde-Manger, j'avais eu la chance d'y goûter et j'avais trouvé le tout un peu fade, un peu greasy, bref, pas exactement mon type de desserts. Par contre, j'avais vu Félix et Audrey engloutir un Rockie Road Brownie, et c'était ça, exactement ça que je voulais pour finir ma soirée: un brownie onctueux, recouvert de guimauve et de fudge chaud, passé sous le grill jusqu'à ce que les guimauves deviennent grillées et bubbly...

Je pense qu'une image vaut mille mots !

Finalement, cette soirée extraordinaire a absolument racheté le Garde-Manger dans ma tête, et même plus, parce que je suis officiellement une convertie. Je ne sais pas ce qui s'est passé quand j'y suis allée et que tout me semblait fade, mais manifestement, la place a été guérie, et la présence de Chuck donne de l'énergie à la brigade et à la cuisine. Sa personnalité sulfureuse est contagieuse, et la place devient un espèce de temple épicurien quand il est présent. C'est un plaisir pour les clients.

Regardez ma face ravie !


3 commentaires:

Marie-Ange-the-Celt a dit…

Chouette ! Je suis contente que tu aies essayé les huîtres !

Moi, je salive rien qu'en pensant les manger arrosées d'un peu de citron, mais effectivement, il m'en faut toujours une ou deux au tabasco :)

Vraiment, chouette la petite soirée que tu as eue ! :)

En passant, j'espère que tu vas bien, que tu as un bel été.

Stéfanie

S Lloyd a dit…

On le dit jamais assez: les passionnés comme vous et moi s'atatchent à 1 chef et à sa cuisine, pas à ceux qu'il a formé! Aussi bons que seront ses remplacants, un excellent Chef a sa signature gastronomique et c'est comme L'ADN: ca ne se substitut pas. Je suis allé plusieurs fois au garde Manger et tout comme vous, quand Chuck n'est pas là, je sens la différence. Tout aussi bon, mais lorsque l'on aime 1 Chef pour ce qu'il fait, c'est pas pour LUI qu'on y va!

Kim Raymond a dit…

Oh oui.

Can't wait until next time ! Chuck est un amour !

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