Chéri a décidé, pour son anniversaire, que nous rayerions le premier restaurant sur notre liste de
résolutions culinaires 2011: le Macaroni Bar. Même si la critique qu'en avait fait Gildas Meneu dans le Voir était plutôt tiède, Chéri et moi étions assez intrigués par ce restaurant branché qui occupe les locaux du mythique Tire-Bouchon depuis un peu plus de deux ans. Comme Chéri adore la bouffe italienne, et que c'est un sacré gourmand (vous en doutiez ?), l'endroit s'avérait tout désigné pour célébrer son premier quart de siècle - ce que nous avons fait en bonne et due forme, après une visite au Belgo avec notre ami Jean-Gabriel.
Première constatation, lors de notre arrivée: le Macaroni Bar n'est pas exactement un restaurant - c'est plutôt un
supper club, dans la plus pure des traditions saint-laurentiennes, à l'image du Buona Notte (où nous étions justement aller manger l'année dernière, à la même occasion). N'étant pas des plus à la mode, Chéri et moi avons entamé la soirée avec l'impression d'être vaguement
undressed, même si Marc-Olivier (notre dévoué serveur) s'est empressé de nous dire que le Macaroni Bar est un
supper club qui prend la bouffe très très au sérieux, et que le chef, Sergio Mattoscio, rivalise de bon goût et d'originalité pour élaborer son menu.
Et en général, je pense que Marc-Olivier a raison. Oui, le Macaroni Bar fait très branchouille, avec son décor monochrome, son éclairage étudié et son mobilier contemporain (très confortable, soit dit en passant; réservez les banquettes !), mais c'est aussi un endroit où on mange, et où on mange très bien. Qu'aux petites heures, les clients restent pour faire la fête autour d'une bouteille de Grey Goose n'y change rien: ce qu'on a dans notre assiette est solide, savoureux et très, très roboratif.
Après une longue discussion avec notre charmant et attentionné serveur, nous avons entamé la soirée avec deux tartares différents: le tartare de boeuf classique pour Chéri et les bombes de thon pour moi - une des spécialités de la maison qui fait pas mal jaser dans le milieu. Nous avons aussi commandé une bouteille d'un très correct Valpolicella Ripasso de chez Michel Castellani, qui s'est avéré un très bon choix pour les bombes de thon (même si ça me fait toujours un petit pincement au coeur de payer près de 50$ une bouteille de vin qui en vaut une vingtaine dans les faits...). Marc-Olivier a tenu à nous prévenir que le tartare de boeuf ne serait pas des plus épicés, ce qui n'est pas exactement le cas. Si on a eu la main très très leste sur le tabasco, le tartare est cependant savoureux, poivré, huilé et aromatisé juste ce qu'il faut pour être délicieux. La viande, hachée grossièrement au couteau (exactement comme nous l'aimons !), était des plus tendres, et la légèreté de l'assaisonnement laisse place au goût imbattable de la viande crue. Même si les traditionnels croûtons n'ont rien de bien original, ils sont primordiaux aux côtés d'un tel tartare, et le croustillant qu'ils apportent en bouche est le liminaire essentiel de la dégustation.
De mon côté, les bombes de thon ont été renversantes: je m'attendais à quelque chose d'assez épicé, mais l'assemblage est dans les faits assez équilibré. Oui, le goût (et le petit
kick) du sambal ressort - et c'est entre autres pour ça qu'on aime ces bombes ! -, mais on aime aussi la subtilité des oignons verts, la saveur marquée de l'huile de sésame et le croustillant du riz soufflé qui vient donner texture et originalité à la chose. En elle-même, la portion est gargantuesque: j'ai refilé une de mes quenelles à Chéri et je n'avais déjà plus faim pour le reste du repas. Chéri a tellement aimé qu'il m'a dit qu'il reviendrait au Macaroni Bar juste pour manger ce tartare avec une bière. C'est tout dire ! Mon seul reproche irait à l'aïoli au gingembre qui vient achever l'assiette et qui donne une douce texture crémeuse à l'ensemble: je l'aurais aimé bien plus gingembré - à tout le moins, avec un goût de gingembre facilement perceptible.
En deuxième service, Chéri s'en est donné à coeur joie dans les pâtes en choisissant le maccheroni au fromage au gorgonzola. L'assiette, monstrueuse, est présentée en toute simplicité. Ici, pas de doute, ce sont les pâtes qui sont reines, et elles sont mises en valeur. Simplement garni d'un peu de ciboulette, le maccheroni avait tout d'un
mac and cheese chic, avec le goût relevé caractéristique du fromage bleu. Moi qui ne suis pas une fan des pâtes persillées de toutes sortes, je me suis surprise à piger à plusieurs reprises dans l'assiette de Chéri. L'ensemble est réussi: ça goûte le gorgonzola, et c'est ce goût relevé et typé qu'on recherche lorsqu'on y va pour une deuxième bouchée. À la fin, par contre, la crème et le fromage finissent par être un peu lourds en bouche: on aurait gagné à assouplir le plat avec une touche de fraîcheur.
De mon côté, j'ai choisi de finir mon repas en commandant la fameuse poutine aux gnocchis, poutine qui fait tellement jaser qu'elle est même en vedette sur l'affiche qui sert à faire la publicité du restaurant au coin de la rue. Heureusement pour moi (qui était, à ce moment, déjà amplement rassasiée !), la poutine aux gnocchis fait partie des entrées: la portion est raisonnable - mais pas légère pour autant. Les petits gnocchis - qui sont faits main, en cuisine - ne sont pas frits comme on me l'avait dit: ils sont plutôt caramélisés, encore très tendres à l'intérieur ET à l'extérieur. On les arrose d'une sauce de type
gravy à base d'une réduction de veau et on les coiffe ensuite de fromage St-Guillaume, le fameux fromage qui fait kwick kwick. Chéri et moi avons été unanimes sur la question: la poutine aux gnocchis, c'est bon. Pas nécessairement bon à s'en taper les cuisses de plaisir, mais assurément très bon et très réconfortant. Une critique toutefois: la sauce manquait (à mon goût) de coloration - peut-être était-on à court de fond de veau foncé, ou avait-on été rapides sur le temps que les os avait passé à rôtir - et elle était, aussi, un peu trop salée - peut-être trop réduite. Dans tous les cas, la combinaison des gnocchis moelleux, du fromage élastique et de la sauce crémeuse est réussie. Pas aussi mémorable que mes bombes de thon, mais assurément réussie.
Comme nous étions plein comme des boudins, nous avons pris un seul dessert pour clôturer notre soirée, et, à notre grand regret, pas la pizza au nutella et au ricotta (nous serions encore sur place à essayer de nous rouler jusqu'ici, si c'était le cas). Nous avons plutôt opté pour le Smores, savante réinvention du classique qui se déclinait ici comme un brownie - un peu sec, il aurait eu avantage à avoir une texture plus crémeuse, semblable à celle d'un fudge - coiffé d'un crumble de biscuits graham, de crème glacée et, bien sûr, de guimauve grillée. Chéri a particulièrement aimé la crème glacée, qui avait la texture dense et fondante des gelato. De mon côté, j'ai trouvé que le jeu sur les textures était particulièrement réussi. C'était un bon dessert, sans être particulièrement révolutionnaire.
Comment conclure sinon pour dire que le Macaroni Bar est un très bon restaurant qui devrait être visité au moins une fois, ne serait-ce que pour découvrir ce que sont les classiques de la maison. Nous avons été choyés, lors de notre visite, par un service impeccable qui nous a grandement impressionnés. Aussi, si la cuisine n'est pas nécessairement des plus inventives (c'est surtout au niveau des entrées que le chef s'éclate; du côté des
secondi, on reste dans une cuisine des plus classiques), ce qui nous a été servi était bien exécuté. Il y aurait certainement place à un peu plus de caractère en cuisine (nous préférerions, par exemple, un plat de pâtes des plus éclatés à une portion monstrueuse comme celle qui nous a été servie), mais les amateurs de cuisine italienne en nous ont été ravis par le goût et la qualité de ce qui nous a été servis.
On y va pour: découvrir les classiques de la maison.
On y retourne pour: les plats paesano, des plats plus rustiques élaborés par le chef, sur une base quotidienne, et pour les soirées barbecue sur la terrasse l'été.
Le Macaroni Bar4448 avenue St-Laurent (à l'angle des rues St-Laurent et Mont-Royal)
Prix: 128$ pour trois entrées, un plat principal, un dessert et une bouteille de vin (taxes incluses). Un minimum de 20$ par personne est exigé (sur le menu, en tout cas).