mardi 20 novembre 2007

En guise d'introduction...

Je passe tellement de temps à me dire que je veux écrire et à ne pas y arriver que je me demande si je ne devrais pas tout simplement me résoudre à ne pas le faire pour tout dire. Tout dire, ce pourrait être comme décliner l’ensemble de ma substance, les thèmes, les mots, les lettres, les plis, les crevasses, les soucis jusqu’au bout des ongles.

Ou ne rien dire.

Cela m’importe peu, il me semble que je n’ai jamais assez de voix. Il me semble que les mots finissent toujours par me filer entre les doigts. Je m’épuise à m’expliquer; je craque de partout. Je fendille. Ce que j’aimerais plus que tout, c’est que quelqu’un me pointe du doigt et trouve trois mots pour tout comprendre.

Tout comprendre de moi. Comme si j’étais un personnage et que tout ce que je faisais n’était pas plus important que ça.

Le rapport pervers que j’entretiens avec la littérature me vient de l’idée que toute la substance du monde est contenue dans un bloc dense, un peu plus épais de ce côté là, où s’accumulent les connaissances. J’ai cherché, mais c’est vrai qu’il n’existe aucun point de vue qui permette d’avoir un regard d’ensemble. Depuis, je suis submergée à l’intérieur : j’avale tout, et je décline ensuite : les mots, les sens, les sons, les textures, les images, les évocations, les dénotations, les connotations… Et ça s’alourdit avec le temps : les mots, les sens, les images, les sociolectes, la diégétique, le dialogisme, la pragmatique, le structuralisme, l’arc herméneutique du grand déploiement des sens qui se croisent et se décroisent… Et ainsi de suite.

Je suis tout de même amoureuse.

Je veux dire qu’en plus d’arriver à être vraiment amoureuse, pour vrai, dans toutes mes vies de tous les jours, avec chacun de mes amoureux, j’arrive toujours à aimer, à découvrir de nouveaux mots, de nouveaux livres. Je souffre de plus en plus du manque de certitudes; mais celle-ci demeure; je veux dire, celle qui dit que je trouverai toujours la littérature réconfortante. Je dis : la littérature, mais il me semble que l’expression humaine se rapprocherait plus de la réalité. La littérature, la peinture, l’architecture, la sculpture, la danse… Il me semble que je suis en train de mettre tout ce qu’il faut en place pour devenir une snob du plateau.

Heureusement pour moi, pour mon porte-feuille, j’habite toujours Côte-des-Neiges. Le quartier drabe de la désintoxication culturelle. Ici, il y a deux types de gens : les étudiants, et les autres. Nous sommes presque tous pauvres. Grand bien nous fasse.

Et j’ai vraiment envie de boire du thé vert.

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