jeudi 21 août 2008

Anecdote

Drôle d'épisode de somnanbulisme de la part de Chéri hier.

Vers 1h, la nuit dernière.

- AAAAHHH. Qu'est-ce qui se passe là, j'étouffe...

Daiva qui s'éveille: Hu ?

- Bien y'a comme des boules de feu pis des crottes autour du lit. C'est pas hot.

- Mais non Chéri, c'est juste parce que tu dors.

- Non, y'a vraiment des boules de feu et des crottes partout bon !

- Des crottes de feu ?

- ...

- Bon essaie de te réveiller si tu ne veux pas les voir Chéri...

- Non, y'en a vraiment trop !!

...

- Bon... Bien viens alors, je vais te protéger des méchantes boules de feu.

Chéri s'approche, moment de silence.

- Aaaah HMMM *soupir de soulagement*. C'est vraiment ça que je voulais dans le fond.



Je rêve tu ou il me manipule même durant son sommeil ?

jeudi 14 août 2008

Hypermodernité

Ça vous est déjà arrivé de vous promener dans un stationnement obscur et désert, à la nuit tombée, votre lecteur Mp3 vissé sur les oreilles, et de vous rendre compte que vous étiez en train de chanter à tue-tête... RAPE ME RAPE ME RAPE MEEEEE ?

Nirvana, c'est so po-mo.

dimanche 3 août 2008

Éphémérides culturelles


Chéri et moi avons loué la version originale de The Amityville Horror, celle réalisée par Stuart Rosenberg (Cold Hand Luke) en 1979 (et ce, même si la fiche signalétique du Phos indiquait 1970). C'était absolument étrange, parce que le film que j'avais toujours pris pour "le premier Amityville" ne l'était pas finalement, et, donc, je n'avais jamais vu cette version qui était, et c'est à propos, totalement terrorisante. Je me suis laissée prendre au jeu et c'était exactement comme écouter l'Exorciste la première fois: la tension monte, l'atmosphère s'alourdit, et le film devient l'instrument de nos propres angoisses. J'ai adoré, et j'ai trouvé que c'était la jaquette du film qui expliquait le mieux l'intérêt du film: "Le tour de force de Stuart Rosenberg, c'est d'avoir réussi à monter un ballet d'horreur avec les éléments du quotidien.". Je crois sincèrement que ce film mérite sa place au sommet du palmarès des "vrais-bons" films d'horreur, et ce, même si on sait maintenant que le livre de Jay Anson dont s'était inspiré Rosenberg n'était qu'une supercherie.

Maintenant, à force de lire les plotlines des différents films d'Amityville, je me rappelle plusieurs expériences de visionnement tournant autour d'artéfacts de la maison possédés (Amytiville Dollhouse: la maison de poupée, Amityville 1992: l'horloge, Amytiville New Generation: le miroir) mais je ne retrouve pas le souvenir du film que j'écoutais avec Audrée quand nous étions ados. C'est vraiment curieux. Peut-être qu'il n'a jamais existé !

Toujours est-il qu'il s'agit du dernier film que nous avons loué au Phos, qui ferme demain, ce qui, en soi, est une tragédie.

*****

J'ai lu très très vite le nouveau livre de Frank McCourt, qui avait écrit le (supposé) admirable livre qui avait donné le film Les cendres d'Angela; Teacher Man, un jeune prof à New York. Je trouvais que la prémisse était intéressante (un jeune prof à New York, dans les années cinquante), mais c'est vite devenu rasoir et mélodramatique à fond, avec le classique divorce tragique, et l'enfant qu'on ne voit plus, et les élèves pauvres et tristes... Blah. La traduction suçait grave, je ne sais pas si ça a contribué à mon ennui, mais finalement, j'ai peut-être perdu quelques heures de ma vie en lisant cette chose.

J'ai bien aimé, toutefois, ce moment où tous les profs du lycée sont réunis et qu'ils essaient de faire monter les notes de leurs élèves pour qu'ils atteignent la moyenne de Staten Island, où Frank McCourt a ce mot: "On doit leur donner des points pour la structure des paragraphes, notamment lorsqu'ils arrivent à faire des phrases d'introduction. D'une certaine façon, toutes les premières phrases deviennent des phrases d'introduction, pas vrai ? Donnons-leur trois points pour ça.".

Je vais la retenir, ça va m'être utile dans deux ans.

*****

Il y avait un documentaire et une émission spéciale de French Connexion sur Indochine ce matin. J'ai enfin compris pourquoi j'ai tellement accroché à Paradize: Oli de Sat n'est qu'un vil émule de son idole de jeunesse, je veux dire: Trent Reznor. Wow. Ça explique bien des choses.

samedi 2 août 2008

Histoires de SPM



Le fait d'avoir mon SPM dans le tapis me donne toujours toutes sortes de pulsions irrépressibles qui me font faire pas mal de choses stupides. Depuis quelques jours, j'ai l'envie machiavélique de rendre les gens mal à l'aise en les sortant de leur zone de confort pour étudier leurs réactions.

Résultat: j'ai laissé traîner une bouteille d'Anal Glide, bien en évidence, dans la salle de bain. Pour être sûre que tous les visiteurs qui viennent pour la chambre à louer la voit.

Chéri pense qu'il y a peut-être un lien entre ça et le fait qu'on n'aie pas encore trouvé de coloc pour remplacer Mia. Tu parles ! Comme si on avait envie d'habiter avec des coincés du g-string !


lundi 28 juillet 2008

Au sujet de Christian Mistral

Renaud m'a dit ceci:

"Je lui ai parlé dans une soirée de LittFra où Éric l'avait invité. Il m'a dit: "On se connaît de quelque part, non ? Non ? ... Ah... Je dois écouter trop de Lost ces temps-ci" ... Je me demande encore ce qu'il voulait dire. Juste après il m'a dit: "T'as les yeux de quelqu'un qui lit dans l'avenir". Rarement vu quelqu'un faire autant de frette en si peu de temps.".

Juste lol.

dimanche 27 juillet 2008

Je n'ai pas d'humour

C'est en tout cas ce que dit Richard Martineau.

Re: Encore les gros ?!?‏
De : Richard Martineau (rmartineau.journalmtl@gmail.com)
Envoyé : 27 juillet 2008 14:25:18
À : Kim Raymond (kimraymond66@hotmail.com)

Wow! Méchant sens de l'humour....


Parce que je lui ai écrit ceci:

Là, il va falloir s'expliquer. Normalement, je prends la peine de vous saluer avant de vous écrire, mais il me semble qu'aujourd'hui, vous ne méritez même pas cette marque de respect. J'ai pris l'habitude de vous lire parce qu'il me semble que vous avez parfois des billets sensés qui sont à même d'agiter l'opinion publique. Je me sens le droit d'être en accord ou désaccord, je réfléchis aux évènements d'actualité que vous mettez en lumière, je me sers parfois de vous comme matériel pour mon blogue... En clair, je vous respecte en général. J'assume votre rôle de brasseur de marde et quand vous dites de grosses niaiseries, je me dis que c'est juste pour secouer le lectorat. Ça fait partie de la job quoi.

Toutefois, je pense que là, on l'a compris que vous n'aimez pas les gros. Depuis novembre dernier, on connaît votre position sur le sujet, vous l'avez assez documentée pour qu'on sache que les gros représentent pour vous l'ultime déresponsabilisation par rapport à son existence, le comble de la paresse et du manque de volonté, le déni repoussé dans ses plus ironiques retranchement. Je ne sais pas pourquoi l'obésité vous obsède à ce point là, mais on en est conscients maintenant, ça va. Changez de disque ! À force de vous acharner sur eux, on pourrait croire qu'il y a quelque chose de plus pernicieux sous ce mépris. Je veux dire: vous ne traitez pas les fumeurs qui se déresponsabilisent de leurs problèmes de santé futurs et actuels avec la même intransigeance, il doit donc nécessairement y avoir quelque chose sous le gros (et c'est qu'il y a de la place pour dissimuler beaucoup, hihi) qui vous dérange particulièrement, mais quoi ? À taper toujours sur le même clou, on donne drôlement l'impression d'un inconfort qui dépasse le simple exercice d'agitation de la masse.

Donc, expliquez-moi ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond avec les gros qui vous mène à les persécuter comme vous le faites ? Vous trouvez que c'est pire pour la société de vivre avec des obèses qu'avec, disons, des fumeurs ou des gens qui mettent consciemment leur vie en danger par la pratique de sports extrêmes ? Aux gros, vous préférez la génération (dont je suis issue, quelle horreur) de jeunes disfonctionnels et dépendants affectifs qui se targuent tous d'être borderline parce que c'est la mode et qu'ils sont incapables de se lier ? Je veux dire: ce n'est pas comme si la pratique d'un mode de vie malsain et compulsif n'était que l'apanage des gros, non ? On a tous un petit quelque chose qui ne tourne pas rond, alors pourquoi s'acharner sur eux ? Parce qu'ils sont plus visibles ? Parce qu'ils sont esthétiquement désagréable à regarder et qu'on souhaite dépolluer le paysage visuel ? Parce que ça vous fait peur de vieillir et de vous mettre à enfler et à pendre, vous aussi ?

Soyons clairs: je ne le vous souhaite pas. Seulement, il me semble qu'une toute petite justification serait de mise avant de continuer votre combat. Histoire de mettre les pendules à l'heure et de ne pas prendre votre public pour des caves. Dites-nous le fond de l'histoire, et on va continuer de vous lire avec le respect mutuel qu'entraînent la franchise et l'honnêteté.

Pour en revenir au passage même de votre chronique qui m'a choquée, je pense que vous êtes totalement tombé sur la tête si vous imaginez que les gros ont une image positive en société. Je ne sais pas dans quel monde vous vivez pour trouver qu'on valorise une image de gros épicuriens et sensuels. Allons ! Ce n'est pas parce que Sonia Vachon a été élue parmi les dix plus belles femmes du Québec il y a quelques années (tout le monde sait que c'est un complot de Québécor pour satisfaire son public de madames complexées) ou parce que Christine Brouillet a animé une émission de sur les vins à Télé-Québec (qui écoute Télé-Québec de toute façon ? - je veux dire, à part pour les reprises de Francs-Tireurs, évidemment) que les gros sont devenus les parangons de l'esthétique et de la jouissance pour autant. Ils sont où, ces modèles dont vous nous parlez ? C'est qui, d'abord, les gros sur la scène québécoise ? Michel Charette ? C'est vrai que son rôle de demeuré vaguement attardé mental dans les cinq saisons de Radio-Enfer a contribué énormément à forger une image positive des gros... À moins que ce ne soit celui de fils à papa dans les Boys ? Qui d'autre ? Le barbu des Denis Drolet ? Christian Mistral ? Jean-François Mercier ? Ils sont où les gros positifs et fun dont vous parlez, cher Martineau ?

Vous êtes intelligent, vous avez de la culture, je sais que vous êtes conscients qu'il existe deux images tenaces des gros qui sont beaucoup plus fortes que ces pseudo-gros épicuriens dont vous nous parlez: le gros cave (il y en a un dans tous les films américains, impossible que vous ne le connaissiez pas) et le gros gras (du genre, le personnage campé par Antoine Bertrand dans Les Bougons, sans la sensibilité de Junior qui était nécessaire à l'évolution de son personnage...). Ce dernier mène vraiment la vie dure aux gros qui ont une certaine hygiène personnelle: le gros gras pue, a les cheveux crasseux, il est sur le BS et passe la journée à se rouler dans ses ordures en essayant de fourrer le système. Pas vrai ?

Cette image du gros cohabite bien avec d'autres du même genre, comme le gros tatoué (pas vrai que c'est dommage qu'on comédien talentueux comme Alain Boucher soit relégué à jouer des motards à cause de sa stature ?) ou le gros impulsif (nécessaire à toute trame narrative tournant autour du harcèlement ou de la violence conjugale...). Des images de gros positives ? Je me creuse la tête, je n'en trouve pas. À moins qu'on soit de mauvaise foi... Vous voulez sans doute parler de la petite famille de SOS Santé ?

Ça doit être ça.

Sincèrement, monsieur Martineau, il va falloir y aller de franchise ou changer de cible. Si vous propagiez la moitié des préjugés que vous avez envers les gros contre une communauté ethnique ou contre les femmes, on vous conduirait au pilori pour propagande haineuse, le MLF et la Ligue de la femme collés sur le dos.

Il serait peut-être temps de lâcher prise, si vous ne voulez pas subir les foudres du Collectif Contre l'Obésité Morbide.

Bien à vous,

Kim Raymond

PS: Parce que je ne suis pas de mauvaise foi, je peux vous assurer que je suis d'accord avec la portion de votre billet qui critique le fait que les hommes sont aussi soumis à des modèles masculins innatteignables et que ce fait soit totalement passé sous silence. C'est un effet pervers de la libération de la femme et c'est une lutte sociale que les hommes auront à mener. Évidemment, faire reconnaître socialement qu'eux aussi souffrent fera une grosse entaille dans la virilité collective, mais je pense que c'est nécessaire, sans toutefois sombrer dans le délire de persécution des masculinistes. Une de mes meilleures amies a perdu un frère qui s'est suicidé après son admission à l'hôpital pour traiter son anorexie. Ça existe, et Johanne Prégent n'est pas là pour faire un documentaire sur cette souffrance. C'est triste.

en réponse à cela.

Tu parles.

Je vais finir par me demander, comme Martin: "Pourquoi tu lis Martineau ?".

Simone de Beauvoir et moi

J'ai refermé mon exemplaire de L'Amérique au jour le jour avec un petit goût amer de nostalgie dans la bouche. C'est que plus je progresse dans l'oeuvre de Simone de Beauvoir, plus je me gave de ses écrits, plus je sens l'ultime mais inévitable rupture approcher. C'est la vie qui ainsi faite: j'ai vécu une histoire d'amour semblable avec Réjean Ducharme qui s'est abruptement terminée, l'hiver dernier, dans un jacuzzi de Sosua, quand je suis venue à bout des dernières pages de L'Océantume. C'est inéluctable: quand on a lu la dernière phrase du dernier livre d'un auteur dont on a lu toutes les oeuvres auparavant, la passion s'étiole vite et le feu s'éteint. Évidemment, on peut relire ces livres qu'on a tellement aimé, on peut en friper les pages, on peut en racornir les coins, on peut se vautrer dans l'histoire devenue familière comme le vieux divan dans le sous-sol chez nos parents, mais relire un livre chéri, c'est comme coucher avec un de ses exs: même quand c'est confortable et agréable, on sent qu'il manque le petit-quelque-chose qui faisait toute la différence au début et qui a tout changé la première fois.

Toujours est-il qu'entre Simone et moi, c'est presque fini. Après être passée au travers des cinq tomes de son autobiographies, après avoir feuilleté ses Lettres à Sartre et ses Lettres à Nelson Algren, après avoir lu, au complet, sans en perdre un mot, le récit clinique de la mort de Sartre (La cérémonie des adieux) et celui, plus humain, de la mort de sa mère (Une mort si douce), l'achèvement de L'Amérique au jour le jour me place à moins un livre de la portion autobiographique de l'oeuvre de Simone: ainsi, si je finis par lire La longue marche, son récit de voyage en Chine qui n'est de toute façon plus édité, et disponible sur le marché que dans un paperback de la collection blanche de la NRF au coût astronomique, je mettrai un terme à cette belle et longue histoire d'amour qui dure depuis un an déjà (ou seulement, c'est au choix, mais je lis vraiment vite). Je pourrais évidemment me rabattre sur les romans de Simone, dont certains, comme Le sang des autres ou Les mandarins, me semblent avoir une valeur certaine, mais ce ne serait pas pareil: il manquerait à cette lecture l'aspect intime, l'impression d'espace clos et partagé qui me rend la cohabitation avec Simone si précieuse.

Il est curieux que je me sente si proche de Simone aors qu'à peu près rien ne nous unit. Nos personnalité sont à ce point dissemblables qu'elles auraient un bon potentiel de loufoquitude si nous les comparions: lire Hegel me donne des boutons d'anxiété alors que Simone a passé toute la guerre à le lire pour se divertir de l'emprisonnement de Sartre; Simone tolère l'idée des amours contingentes aors que l'infidélité me fait vomir; je prends un soin jaloux de mon visage et de mes cheveux alors que Simone se négligeait à ce point qu'elle a trouvé une dent, perdue neuf mois plus tôt dans un accident de vélo en Espagne, incrustée dans un furoncle qui lui poussait sur le menton ! Pas de blague ! Elle fait le récit de cet horrible incident à la toute fin de La force de l'âge... Mise côte à côte, nous aurions la même valeur que le duo mis en scène dans L'emmerdeur, version féminine, toutefois.

Malgré tout, sa voix m'est devenue tellement naturelle et proche que la lecture de ses livres me donne souvent l'impression de me livrer à de véritables entretiens avec elle, si bien qu'il n'est pas rare de me voir tenir, au cours de discussions enflammées avec Chéri, des propos totalement schyzophrènes du genre: "Ah oui, cette chose ! Ahaha... Simone m'en parlait justement ...". C'est même devenu assez problématique parce que je n'ai pas assez de retenue en société pour éviter ces commentaires. Ainsi donc, dans un cours sur les récits de soi: "Oui, mais ce que je sais de Michel Leiris, c'est Simone qui me l'a dit, ce dont parle Philippe Lejeune, ça me dit que dalle à son propos...".

J'ai l'impression que notre voyage sur la côte est risque d'être assez éprouvant pour Chéri, qui risque de m'entendre dire plus souvent qu'à mon tour: "Oui, oui, Simone m'avait bien dit qu'il fallait passer ici ... !".

Bon, allez, je retourne mettre ma camisole.

lundi 21 juillet 2008

À propos de la clique du Plateau...

Réactions à deux chroniques de Martineau, que vous pouvez trouver ici et ici.


Je pensais sincèrement que cette histoire de guerre de clochers entre Montréal et Québec était une sorte de farce inventée et alimentée par les médias pour se mettre de quoi sous la dent quand la journée manquait de piquant. Or, en fréquentant un forum de discussion populaire, je me suis rendue compte que cette chose, cet argument qui fait, au Québec, valeur de Godwin’s point, se brandissait fréquemment, et que les avatars québécois (dans le sens de membre et citoyen de la ville de Québec) en faisait souvent une obsession. On dénonce la clique du Plateau, les bien-pensants enquiquineurs et moralisateurs, les écolos à gogo et autres hipsters-yuppies qui font de leur marotte un cheval de bataille… Je me suis souvent demandé, comme vous, de qui parle t’on au juste ? De quoi parle t’on au juste ?

Je dois rêver, ou je n’habite pas sur la même île. Ici, c’est Côte-des-Neiges avec son multiculturalisme et sa misère, sa grosse maison du savoir qui traîne sur la montagne et domine les parages et la colline. C’est à 15 minutes des furies plateauzoïdes en autobus, et on n’en ressent pas l’influence, ni même la présence. Il y a un drôle de complexe d’infériorité à l’œuvre dans cette pseudo-rivalité entre Québec et Montréal : l’agressivité, l’arrogance, je la ressens d’un bord, mais pas de l’autre. Qu’est-ce qu’ils ont, les citadins de la vieille capitale, à se plaindre qu’on leur impose sans cesse une façon de penser et une forme de culture ? Est-ce qu’ils seraient à ce point incapables de penser par eux-même qu’ils subissent l’influence de la métropole sans être capable de la contrer, ou de faire la part des choses ? Est-ce qu’il y a vraiment, quelque part, un spectre qui leur tort le bras jusqu’à ce qu’ils adoptent les valeurs « montréalaises » ? Voyons dont ! C’est n’importe quoi !

Bien sûr, la vie culturelle montréalaise est riche. Bien sûr, il y a une forme de pensée « sociolibérale » qui se développe au cœur de la ville, et certains des plus flamboyants porte-étendards de ces idéologies - je pense peut-être à Amir Kadhir (que j’ai entendu pour la première fois, il est vrai, dans le sous-sol du Sanctuaire St-Sacrement), ou au Docteur Réjean Thomas - sont associés à l’image du Plateau, mais ils ne s’élèvent pas au rang de gourou pour autant. J’invite les citoyens de Québec à prendre en compte quelques faits qu’ils oublient dans leur argumentaire méprisant : Montréal est une cité multiculturelle et ses citoyens sont sans cesse confrontés aux réalités de l’immigration, en plus de coudoyer la minorité culturelle anglophone. Face à une omniprésence de faits culturels internationaux, la promotion de la culture québécoise devient avant tout une forme de communication et d’échange, et aussi une forme d’affirmation. Par ailleurs, flanquée de quatre universités et de dizaines de collèges, il n’est pas surprenant que Montréal se targue d’être à la fois contre-culture et modèle à suivre. Et pour chacun des étudiants qui graduent de l’Université de Montréal en sociologie ou en politique, il ne faudrait pas oublier qu’il y en a dix qui sortent du HEC. Et que l’existence du Plateau n’aura jamais réussi à étouffer le développement de Westmount ou Beaconsfield…


J’ai de plus en plus l’impression que le prêt-à-penser que la clique de Plateau est supposée imposer au citoyens de la ville de Québec n’existe même pas, sinon que dans leur fantasmes. De toute façon, ils gagneraient à revoir leur argumentaire : quiconque a mis les pieds sur le plateau dans les dernières années a bien vu que, malgré les bars tendances, les friperies, les cuisineries et les bouquineries, le plateau est devenu le quartier chouchou des petites familles en moyen. Dans les environs du métro Laurier, on croise beaucoup plus de bedaines rondes que de maître-à-penser…


PS: Chéri pense que je fais un jugement un peu hâtif en disant que les citoyens de Québec ne vivent que de l'amertume envers la métropole. Évidemment, je sais que le poids démographique de Montréal VS Québec entraînent une frustration légitime sur le fait qu'ils ont "moins" leur mot à dire dans les affaires de la province. Chéri pense que même si cette frustration est mal dirigée (pointer la clique de Plateau frôle tout de même l'absurdité) nous devons reconnaître que sur le plan culturel, déterminé par une certaine tyrannie de la masse, les citoyens de Québec ne se reconnaissent pas tous, ni tout le temps, dans les modèles adoptés par Montréal. Ce n'est pas faux non plus. Chéri est intelligent: je l'aime.

vendredi 18 juillet 2008

Meilleure bande-dessinée, ever

Méditations sur un terrain vague

Il fait chaud et la chaleur me rend la vie insupportable, et insupportable moi-même par transfert. Je me suis levée du mauvais pied, congestionnée du nez et de la colonne vertébrale, seule par-dessus le marché. J'ai décidé de me payer un long avant-midi de flâneries. Dans mon langage fortement teinté d'influences sartriennes, j'appelle ça prendre congé de mon existence. C'est ce que j'ai fait doucement, à mon rythme, après avoir épluché les Internets en écoutant Des kiwis et des hommes. Pas de blagues: je suis tombée sur Boucar Diouf qui parlait de l'importance de LS Senghor dans la nationalisation de l'éducation primaire au Sénégal et je me suis sentie interpellée. J'ai cessé d'être attentive au bout d'environ 23 secondes, mais un fait demeure, j'ai écouté Des kiwis et des hommes ce matin, et Des kiwis et des hommes m'a presque parlé de littérature.

Je suis partie déjeuner (petit caprice qu'on s'offre à deux mais que je ne dédaigne pas à l'occasion (lire: c'est arrivé deux fois dans la dernière année) en solo) et j'en ai profité pour faire des achats dans les deux endroits au monde où je préfère dépenser mon argent: l'épicerie et la librairie. Je cherchais Walden; or Life in the Woods de Henry David Thoreau mais, parce que c'est la mode maintenant de cultiver la médiocrité littéraire, je n'ai trouvé qu'un extrait ("Je vivais dans les bois") publié en Folio 2E, chez Renaud-Bray comme chez Olivieri. Je ne me suis pas laissée abattre: j'ai commandé l'intégral publié chez l'Imaginaire et je compte m'en délecter d'ici peu.

Cette manie qu'ont les éditeurs de charcuter les textes célèbres a le don de m'irriter. Je me rappelle le désarroi que j'ai ressenti quand j'ai vu l'édition Classique Le livre de poche de Du côté de chez Swann dépouillé de Combray et de Nom de pays: le Nom (je conviens que cette dernière partie est peut-être la plus n'importe quoi de toute la Recherche, mais tout de même...). C'est une drôle de manière d'envisager la littérature: je veux bien croire qu'Un amour de Swann est la façon la plus accessible d'aborder l'oeuvre de Proust, mais il me semble qu'on n'apprend pas aux lecteurs la valeur d'une oeuvre en leur enlevant le libre exercice de choisir, d'apprécier ou de détester. En éditant ainsi certaines partie de chef d'oeuvres comme un tout unique, on détruit une bonne partie du plaisir de la réception d'un livre et de l'exercice critique de la lecture. Pire: on entre dans le jeu de la culture de la consommation de la culture. On donne des munitions aux gens qui font de la culture un construit.

Et ça, ça m'énerve. Tellement, que quand je suis tombée sur une pile de livres qui traînaient, dans un coin du rayon Philosophie de chez Olivieri, je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir la réincarnation de deux personnages de ma connaissance que j'ai finalement réussi (avec bonheur) à éliminer de ma vie. Toutefois, la personne qui achète, d'un même souffle, les deux tomes de la Phénoménologie de l'esprit, L'Enracinement de Simone Weil, L'être et le néant, Le Gai Savoir et Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps de Husserl est une personne qui a une drôle de façon de maçonner son savoir philosophique. Une façon convenue. Une façon convenue, qui transpire la pédanterie et l'idéalisme hautain. Disons.

Par la bande, je déteste le nouvel aménagement de la librairie Renaud-Bray Côte-des-Neiges. Ils n'ont pas pensé aux gens minuscules en faisant les nouveaux rayons ! Une personne normale doit se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la tablette du haut, moi, c'est avec les DEUX dernières tablettes que j'ai de la misère... Je veux dire, je dois me livrer à de drôles de contorsions pour aller chercher les Faulkner tout en haut, et un livre sur deux me tombe dessus sans que je ne sois capable de le replacer. Je pense que même les librairies devraient se familiariser avec le concept de user friendly. Je me demande ce qui me déplaît le plus entre cette librairie pour géants et l'élitisme affecté que dégage Olivieri (qui ont pourtant un inventaire littéraire plus que déplorable, même si leurs sections philo et socio sont bien garnies). Mine de rien, ça me fait plaisir de détester les endroits où je vais magasiner. Ça me donne des sujets de conversations.

Bilan de la journée: Sanctuaire de Faulkner, le Magasine Littéraire de janvier, sur Simone de Beauvoir, Le coeur à rire et à pleurer de Maryse Condé, Promenades Anglaises de Christine Jordis et 42ième Parallèle, le premier tome de U.S.A. de John Dos Passos. Une américanite aiguë qui se conforte dans la fréquentation assidue de L'Amérique au jour le jour, le journal de Simone de Beauvoir en voyage aux États-Unis. Je compte le finir aujourd'hui et en livrer mes impressions plus tard.

Et pour les curieux, je remplirai la panse de mon bel homme blanc avec des crevettes géantes grillées à la pancetta, des fettucine alfredo et un mesclun arrosé d'une dijonnaise aux herbes fraîches. Faire le marché, c'est bien.

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