vendredi 16 juillet 2010

Calgary Red Eye et Blonde de Chambly


Toute personne qui a passé plus de cinq minutes avec moi dans sa vie sait que j'adore la bière. Je suis une vraie bucheronne qui boit à même la bouteille, beaucoup, avec plaisir, parce que la bière, c'est bon, rafraîchissant et vraiment festif. À mon avis, beaucoup plus que le vin, que j'adore aussi, mais qui est, à mon avis, un plaisir beaucoup plus intellectuel que décadent. La seule chose que je pourrais figurer de plus décadent que la bière, disons, c'est le champagne (que j'adore, aussi) à même la bouteille, façon Martin Picard.

Toute personne qui a passé plus de cinq minutes avec moi, donc, et s'est disons rendu à dix minutes en ma compagnie, sait que ce que j'aime encore plus que la bière tout court, c'est La Fin du monde, cette bière absolument décadente de la Brasserie Unibroue, une blonde belge corsée, triple fermentée, qui goûte comme un nuage malgré ses neuf degrés d'alcool. Boire une Fin du monde, à mon avis, c'est entrer dans un monde merveilleux qui sera toujours, pour moi, l'avatar de la glorieuse époque bénie où les Verres stérilisés vendaient des grosses bouteilles de 750 ml de Fin du Monde à 5,25, et où on pouvait être vraiment, vraiment soûls pour moins de 15$, pourboire à Éric ou Thierry inclus.

La belle époque quoi.

C'est pour ça que j'ai été très heureuse qu'on m'offre de goûter à la Blonde de Chambly, la nouvelle bière Unibroue-Sleeman, inspirée cette fois des filles du roy venues à Chambly pour marier les hommes du régiment Carignan-Sallières. Même si, pour toutes sortes de raisons éthiques et politiques, j'ai trouvé le rachat d'Unibroue par Sleeman douteux, et la poursuite de leur marketing à saveur militante-souverainiste un peu étrange, je n'ai jamais pu me résoudre à cesser d'acheter leurs produits, parce qu'ils sont, en matière brassicole, très bien maîtrisés, et toujours très bons.

Si la Blonde de Chambly ne remplacera pas la Fin du monde dans mon coeur, Chéri et moi avons pris un plaisir assez flagrant à s'en envoyer dans le gosier pendant la finale de la Coupe du monde. C'est une bière assez sèche, avec un goût qui prend de l'ampleur en bouche, des accents d'agrumes et de poivre, avec des bulles particulièrement effervescentes. Nous l'avons bu, d'abord, avec un fromage biologique à croûte lavée, le Champlain, dont le côté beurré et crémeux contrastait bien avec le caractère pétillant de la bière. La mousse ressemble à de l'écume: elle est épaisse, bien tassée et a une petit parfum floral qui donne envie de se mettre le nez dedans. J'ai trouvé que c'était une blonde à milles lieues de ce qu'on boit habituellement même en micro-brasserie: personnalité et corps sont au rendez-vous, pour une fois.

Comme il ne restait plus assez de la bouteille pour s'en prendre chacun un autre verre, Chéri et moi avons transformé ce qu'il nous restait en Calgary Red Eye, la version canadienne de la Red Beer (cocktail de bière et jus de tomates assez populaire dans le sud et le Mid-west des États-Unis, qui peut aussi porter le nom de Blood Beer. Au Canada, on a remplacé le jus de tomates par du Clamato, et c'est aussi très bon). Le secret du Calgary Red Eye réside aussi dans la façon de le composer: si vous êtes du type bulles, il est impératif de verser le cocktail de palourdes AVANT la bière. Si vous voulez une texture plus slick en bouche, faites le contraire.

C'est mon beau-père, Pierre, qui m'a tout appris sur les subtilités de la bière-clamato. Et comme cette fin de semaine marquait le troisième mois depuis son décès, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce Calgary Red Eye lui aurait fait grand honneur.

Prozit, Pierre !


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